En pleines négociations avec les supermarchés en France, Mondelez critiqué pour ses hausses de prix
En pleines négociations avec les hyper et supermarchés en France, le géant américain des biscuits et chocolats Mondelez (LU, Milka, Belin, Côte d'Or) est critiqué pour ses fortes demandes de hausses de prix, qu'il a tenté de justifier vendredi.
Les négociations commerciales ont lieu chaque année pour déterminer les conditions (prix d'achat, place en rayon, calendrier promotionnel...) auxquelles la grande distribution va acheter à ses fournisseurs une large partie des denrées commercialisées dans ses rayons.
Et chaque année entre décembre et le 1er mars, le bras de fer se joue à la fois dans les salles de négociation et par médias interposés.
Ces derniers jours, plusieurs figures de la grande distribution, comme Michel-Edouard Leclerc (E.Leclerc), Thierry Cotillard (Les Mousquetaires/Intermarché) ou Dominique Schelcher (Coopérative U) ont critiqué certains de leurs fournisseurs, accusés de demander des hausses de prix élevées.
"On a des demandes de hausse. Il y a des gens qui sont très raisonnables, notamment les PME, aux alentours de 3%", a par exemple exposé vendredi matin Dominique Schelcher sur BFM/RMC. "Avec certaines des plus grandes entreprises (...) ça peut monter à huit, mais on a - je pense à une demande particulière - une demande de hausse à deux chiffres".
M. Schelcher a pointé un "très grand industriel" mais n'en a pas dévoilé l'identité, et Coopérative U, interrogée par l'AFP, n'a pas souhaité en dire davantage.
- "Des frictions" -
Trois distributeurs ont toutefois assuré sous couvert d'anonymat à l'AFP que le géant Mondelez, fabricant de biscuits et de chocolat sous les marques LU, Milka, Belin ou Côte d'Or, avait présenté des tarifs de début de négociation beaucoup plus élevés que l'année précédente.
"Il y a des frictions avec Mondelez depuis un petit moment déjà, (qui) se distingue particulièrement avec des demandes hors normes par rapport à leurs concurrents et confrères", a expliqué à l'AFP l'un des distributeurs.
Ces dernières années, plusieurs médias avaient fait état de tensions fortes entre Mondelez et certaines enseignes, certaines allant jusqu'à retirer - temporairement - des rayons de leurs supermarchés les produits de ce groupe.
Un autre distributeur a évoqué vendredi comme point de départ de la négociation une hausse du tarif de 24% par rapport à l'année précédente. Le troisième a confirmé des demandes en très forte hausse, tout en observant qu'il y avait effectivement "un sujet" pour "les fournisseurs qui utilisent beaucoup de cacao et de café", matières premières dont les coûts ont fortement augmenté.
C'est aussi ce que plaide Gilles Rouvière, directeur général d'Alliance 7, la fédération des produits de l'épicerie et de la nutrition spécialisée: "s'il est indéniable que l'inflation globale a fortement baissé, les coûts de plusieurs matières premières majeures restent eux fortement à la hausse", notamment le cacao, le café, le beurre ou les oranges, indique-t-il à l'AFP et sur son compte LinkedIn.
- "Continuer à fournir" -
Mondelez elle-même souligne dans un communiqué la flambée du prix du cacao notamment, et dit faire face à des coûts de production toujours élevés (énergie, emballage, transports).
"Nous comprenons les pressions économiques auxquelles les consommateurs continuent de faire face, et l'augmentation des prix est un dernier recours pour notre entreprise", assure-t-elle.
Mais l'entreprise plaide n'avoir "pas répercuté toutes les augmentations de coûts" subies depuis 2022, ce qui pèse sur sa profitabilité en France où elle "emploie directement près de 3.000 personnes à travers 12 sites, dont neuf biscuiteries et un centre européen de recherche et développement dédié aux biscuits".
"En conséquence, nous devons donc procéder à des augmentations de prix en France soigneusement étudiées qui reflètent les coûts qui nous impactent, afin de pouvoir continuer à fournir aux consommateurs les marques qu'ils aiment, sans compromettre le goût et la qualité qu'ils attendent", déclare l'entreprise à l'AFP.
Les hausses de tarifs sont des données d'avant négociations, qui ne présument ni de l'issue des discussions ni du prix finalement facturé par les distributeurs en rayons. D'autant que c'est le commerçant qui décide du prix de vente aux consommateurs dans ses magasins.
A.Doyle--IP