Fonction publique: les syndicats optimistes après leur rencontre avec le nouveau ministre
Les syndicats représentatifs de la fonction publique, reçus cette semaine par le nouveau ministre Laurent Marcangeli, saluent une volonté affichée "d'apaisement", sans avoir toutefois obtenu de garanties sur l'avenir de mesures contestées.
"Je vous aime", avait lancé Laurent Marcangeli aux agents publics lors de sa prise de fonction fin décembre, conscient d'arriver à la tête d'une fonction publique en crise, échaudée par trois mois de vives turbulences entre l'ancien locataire de la rue de Grenelle, Guillaume Kasbarian, et les organisations syndicales.
La tension a atteint son paroxysme quand des centaines de milliers de personnes, enseignants en tête, ont défilé le 5 décembre dernier en France, à l'appel des organisations syndicales, pour dénoncer des mesures d'économies du gouvernement: notamment l'allongement du délai de carence de un à trois jours pour les agents publics en cas d'arrêt maladie, une baisse de leur rémunération de 100% à 90% en cas d'arrêt maladie, ou la suspension d'une prime de soutien au pouvoir d'achat.
Les syndicats tançaient également la méthode de l'ex-ministre, accusé de "stigmatiser" les agents publics, d'encenser Elon Musk, en disant publiquement son impatience de partager avec lui les "bonnes pratiques" en matière de gestion de l'administration.
En moins de trois mois, l'ensemble des organisations syndicales boycottaient les instances du dialogue social auxquelles participait M. Kasbarian.
Depuis lundi, Laurent Marcangeli, l'ancien chef des file des députés Horizons à l'Assemblée, reçoit l'ensemble des formations syndicales représentatives au ministère, et les rencontres doivent se terminer vendredi en fin d'après-midi, a précisé son cabinet à l'AFP, qui n'a pas souhaité faire de commentaires avant l'issue des échanges.
"Le contraste fait qu'on en sort presque soulagé, on revient à quelque chose de normal et ça parait extraordinaire", a déclaré à l'AFP Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonction publique. "Il se montre dans le respect et l'écoute", confirme Gaëlle Martinez, de Solidaires fonction publique.
"Guillaume Kasbarian était violent dans sa pratique, là on a un ministre qui ne fera pas preuve de ça et qui nous a dit vouloir prendre le temps d'écouter nos propositions", estime auprès de l'AFP Christophe Delecourt, secrétaire général de l'Union fédérale des syndicats de l'État de la CGT.
- Contrepied -
Et sur le fond? "Le ministre nous a dit qu'il ne saurait y avoir de copie conforme avec ce qui a été fait par Guillaume Kasbarian", relève le représentant de la CGT.
Selon plusieurs sources syndicales, le ministre s'est dit ouvert à la discussion sur plusieurs mesures contestées, en particulier concernant l'allongement du délai de carence, ou la suspension d'une prime en soutien au pouvoir d'achat, mais sans s'engager pour autant.
Désormais, "il va devoir gagner ses arbitrages", estime le représentant de la CGT. Une qualité qu'il reconnait à Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, qui, "malgré de nombreux désaccords et conflits, savait se dégager des marges de manœuvres budgétaires", lors de son passage au ministère de la fonction publique (juillet 2020 - mai 2022).
Aux vœux du conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), Laurent Marcangeli n'a rien dit des mesures de son prédécesseur, mais a esquissé quelques axes de travail.
Il a dit vouloir aller "le plus vite possible" pour adapter dans la loi un "accord sur la protection sociale" des agents publics des collectivités, signé en juillet 2023, et qui définit un socle minimal de garanties en matière de financement des frais de prévoyance pour les deux millions d'agents des collectivités.
A long terme, il a indiqué ne pas être opposé à l'ouverture de discussions sur une refonte de la grille indiciaire qui jalonne l'évolution des rémunérations des agents publics en cours de carrière.
A.Murphy--IP