Cuba: l'opposant historique José Daniel Ferrer remis en liberté
Le dissident José Daniel Ferrer, déclaré "prisonnier d'opinion" par Amnesty international, a été remis en liberté jeudi à Cuba, dans le cadre de l'accord négocié avec l'église catholique après le retrait de l'île de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme.
"Nous venons d'arriver. Grâce à Dieu, il est à la maison", dans la province de Santiago de Cuba (est), à quelque 900 km de La Havane, a déclaré par téléphone à l'AFP Nelva Ortega, l'épouse du dissident âgé de 54 ans et qui se trouvait en détention depuis plus de trois ans.
José Daniel Ferrer avait été déclaré "prisonnier d'opinion" par l'organisation de défense des droits humains Amnesty international en août 2021.
Un mois plus tard, un tribunal avait révoqué sa liberté conditionnelle et l'avait renvoyé en prison pour terminer de purger une peine de quatre ans et demi de prison à laquelle il avait été condamné en 2020, accusé d'avoir notamment frappé un homme, ce qu'il nie.
Dissident de longue date, José Ferrer avait fait partie en 2003 des 75 prisonniers politiques arrêtés lors du "Printemps noir", une vague de forte répression contre la dissidence menée par le pouvoir de Fidel Castro.
Il avait alors été condamné à 25 ans de prison et libéré en 2011, après une négociation entre le gouvernement cubain et l'église catholique.
Il avait refusé de quitter l'île en échange de sa libération.
- "Nouveau départ" -
Les remises en liberté de prisonniers ont repris jeudi à Cuba, après la libération la veille d'une vingtaine de manifestants emprisonnés, dans la foulée du retrait de l'île de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme.
Quatre détenus, tous condamnés pour leur participation aux manifestations antigouvernementales de juillet 2021, sont sortis en début de matinée d'une prison située à San Miguel del Padron, un quartier de la périphérie de La Havane, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Merci de m'avoir donné cette opportunité, encore une fois, dans la vie. C'est un nouveau départ", a déclaré, ému, à l'AFP le jeune Marlon Brando Diaz, condamné à 18 ans de prison pour sa participation aux manifestations, alors que sa famille l'attendait devant le centre pénitentiaire.
Également attendus par leurs familles, trois autres prisonniers, détenus dans la même prison, ont été remis en liberté, selon les journalistes de l'AFP.
Mardi, le gouvernement cubain s'est engagé à libérer 553 prisonniers dans le cadre d'un accord négocié avec l'aide de l'église catholique, après que le président américain sortant Joe Biden a annoncé le retrait surprise de l'île communiste de la liste noire où figurent l'Iran, la Corée du Nord, et la Syrie.
Le gouvernement n'a cependant pas précisé la date de ces libérations, ni fourni de liste des prisonniers concernés. Aucune information officielle n'a été communiquée sur le processus de libération.
Selon l'ONG Cubalex, basée à Miami, une vingtaine de personnes, ayant toutes participé aux manifestations des 11 et 12 juillet 2021 sur l'île, ont été remises en liberté mercredi.
Selon des chiffres officiels, quelque 500 personnes ont été condamnées à des peines allant jusqu'à 25 ans de prison pour leur participation à ces protestations.
Certaines ont été libérées ces derniers mois après avoir purgé leur peine.
Des ONG et l'ambassade des États-Unis à Cuba comptabilisent au total un millier de "prisonniers politiques" sur l'île.
La Havane nie pour sa part l'existence de prisonniers politiques et accuse les opposants d'être des "mercenaires" à la solde de Washington.
U.Dennehy--IP