The Irish Press - La Colombie a lancé une offensive militaire contre les guérillas

La Colombie a lancé une offensive militaire contre les guérillas
La Colombie a lancé une offensive militaire contre les guérillas / Photo: Schneyder Mendoza - AFP

La Colombie a lancé une offensive militaire contre les guérillas

Le gouvernement colombien a annoncé vendredi avoir lancé une offensive militaire à la frontière avec le Venezuela contre les guérilleros de l'ELN, engagés depuis une semaine dans des combats ayant fait au moins 80 morts et 38.600 déplacés.

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"Il y a déjà eu un premier combat de l'armée contre des membres de l'Armée de libération nationale (ELN) (...) L'ordre est de prendre le territoire", a déclaré le ministre de la Défense Ivan Velasquez depuis la ville frontalière de Cucuta.

Plus de 9.000 soldats sont déployés dans la région de Catatumbo, dans le nord-est de la Colombie, a-t-il précisé.

Les premiers combats "ont eu lieu hier (jeudi) après-midi au sud-est d'El Tarra", a déclaré de son côté le chef de l'armée Luis Emilio Cardozo.

La zone a sombré dans la violence depuis que la guérilla de l'ELN a pris pour cible des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), un groupe armé rival, qui n'ont pas signé l'accord de paix en 2016, ainsi que des civils.

Depuis le 16 janvier, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont fuit les combats. Selon le bureau du médiateur des droits de l'homme, les déplacements de population actuels sont les plus importants depuis 1997, quand ces données ont commencé à être recueillies.

Les journalistes de l'AFP présents dans la région ont pu observer le régime de terreur imposé par les guérilleros pour prendre le contrôle de cette zone montagneuse, où les forces de sécurité n'ont pas pu accéder jusqu'à présent.

L'ELN tente d'affirmer son contrôle sur une partie de cette région frontalière, qui abrite des routes du trafic de drogue et des plantations de coca, l'ingrédient principal de la cocaïne, dont la Colombie est le premier producteur mondial.

L'ordre est "d'agir avec toutes nos capacités pour maîtriser (les guerilleros), afin que cette menace s'arrête", a déclaré M. Velasquez.

La Colombie replonge ainsi dans l'une des pires crises sécuritaires de ces dernières années, anéantissant les espoirs du gouvernement de désarmer l'ELN avec laquelle il avait relancé des pourparlers de paix en 2022.

Au cours de la première semaine, les forces militaires ont donné la priorité à l'évacuation par hélicoptère des villageois des zones touchées par les combats.

En raison de cette offensive, le président de gauche Gustavo Petro a suspendu les négociations de paix avec l'ELN et les mandats d'arrêt contre une trentaine de chefs de l'ELN ont été réactivés. Selon les renseignements militaires, "certains d'entre eux" pourraient se trouver au Venezuela.

- Coopération de la Colombie -

Le ministre de la Défense a déclaré avoir rencontré son homologue vénézuélien, Vladimir Padrino, dans la ville vénézuélienne de San Cristóbal, à la frontière avec la Colombie.

"Nous sommes en train de renforcer les relations indispensables entre les commandants militaires et policiers (...)", a indiqué le ministre, précisant que le Venezuela était disposé à collaborer.

Les services de renseignements colombiens ont longtemps affirmé que l'ELN bénéficiait du soutien et de la protection du Venezuela, certains de ses dirigeants vivant vraisemblablement de l'autre côté de la frontière.

Le Venezuela accuse pour sa part la Colombie de fournir un "abri" aux chefs du Tren de Aragua, un des plus grands gangs vénézuéliens, d'environ 5.000 membres, qui sévit dans toute l'Amérique latine.

Des zones du nord de Santander se sont transformées en immenses camps de déplacés, où affluent des enfants et des personnes âgées.

A son arrivée au pouvoir en 2022, le président Gustavo Petro s'était engagé à sortir par le dialogue du conflit armé vieux de six décennies en Colombie qui a causé la mort de 450.000 personnes.

Il négociait depuis avec plusieurs organisations armées du pays et avait mis en place une stratégie de "Paix totale" avec une réduction drastique des opérations militaires.

Mais le pays a au contraire vu une explosion des violences dans plusieurs régions du pays qui ont fait plus de 100 morts en une semaine.

F.Kelly--IP