The Irish Press - RDC: le M23 aux portes de Goma, Kinshasa dénonce une "déclaration de guerre" du Rwanda

RDC: le M23 aux portes de Goma, Kinshasa dénonce une "déclaration de guerre" du Rwanda
RDC: le M23 aux portes de Goma, Kinshasa dénonce une "déclaration de guerre" du Rwanda / Photo: PHILÉMON BARBIER - AFP/Archives

RDC: le M23 aux portes de Goma, Kinshasa dénonce une "déclaration de guerre" du Rwanda

Kinshasa a accusé dimanche le Rwanda de lui avoir "déclaré la guerre" en envoyant de nouvelles troupes pour soutenir le groupe armée du M23 qui assiège désormais Goma, principale ville de l'est de la RDC, alors que l'ONU a appelé Kigali à retirer ses forces de la région.

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Selon des sources sécuritaires concordantes, les combats se déroulent aux portes de Goma. La capitale de la province du Nord-Kivu abrite un million d'habitants et presque autant de déplacés.

La ville était déjà quasiment cernée par le M23 et 3.000 à 4.000 soldats rwandais présents dans l'est de la RDC, selon l'ONU, qui ont rapidement gagné du terrain ces dernières semaines après l'échec d'une médiation République démocratique du Congo (RDC)-Rwanda sous l'égide de l'Angola.

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence dimanche pour évoquer la situation.

"Alors que je me tiens devant vous, une attaque d'une gravité inouïe se déroule sous les yeux du monde", y a déclaré la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner.

"De nouvelles troupes rwandaises ont franchi" la frontière et pénétré en RDC "en plein jour", a-t-elle déclaré, dénonçant "une violation ouverte et délibérée de notre souveraineté nationale". "C'est une agression frontale, une déclaration de guerre qui ne se cache plus derrière des artifices diplomatiques", a-t-elle martelé.

Elle a ensuite réclamé au Conseil de sécurité "des sanctions ciblées incluant le gel des avoirs et l'interdiction de voyager, non seulement contre les membres identifiés de la chaîne de commandement des forces armées rwandaises, mais aussi contre les décideurs politiques responsables de cette agression". Ainsi qu'un "embargo total sur les exportations de tous les minerais étiquetés comme rwandais, en particulier le coltan et l'or".

Quelques heures plus tôt, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui n'avait pas aussi clairement mis en cause Kigali jusque-là, s'est dit "profondément préoccupé par l'escalade de la violence" et a appelé "les Forces rwandaises de défense à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC", selon un communiqué de son porte-parole.

Les Etats-Unis "condamnent" l'offensive du Rwanda et du M23 et utiliseront "tous les outils" disponibles contre ceux qui alimentent le conflit, a déclaré dimanche leur représentante à l'ONU.

Un drone rwandais a ouvert le feu sur des positions congolaises dimanche à environ six kilomètres de Goma, ont indiqué à l'AFP des sources sécuritaires et onusiennes.

Selon plusieurs sources au sein la mission de l'ONU en RDC (Monusco), "au moins deux paramilitaires" ont été gravement blessés par ces tirs.

D'autres bombardements ont touché le camp de déplacés de Rusayo, dans la périphérie de Goma, selon plusieurs sources humanitaires qui n'ont pas donné de bilan.

Dans le centre de Goma, de lourdes détonations ont été entendues à partir de l'aube, alors que des hélicoptères de combat de l'armée congolaise tournaient dans le ciel, selon des journalistes de l'AFP.

Voitures et motos circulent mais la plupart des commerces ont fermé. Des pillages par des miliciens pro-Kinshasa ont été signalés dans des quartiers périphériques, selon la société civile.

A mesure que les combats se rapprochent de nouvelles colonnes de déplacés affluent.

- "S'emparer de Goma" -

Samedi soir, le porte-parole de l'armée congolaise a accusé le Rwanda d'être "déterminé à s'emparer de la ville de Goma". La ville avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23 ("Mouvement du 23 mars"), né cette année-là et vaincu militairement l'année suivante.

Treize soldats sud-africains, malawites et uruguayen, déployés au sein de deux forces régionales (SAMIDRC) et onusienne (Monusco) d'appui à l'armée congolaise ont été tués dans des combats avec le M23 ces derniers jours, ont annoncé samedi les autorités des trois pays.

Le Rwanda a indiqué dimanche avoir "évacué" vendredi son dernier diplomate à Kinshasa. Kinshasa avait de son côté annoncé samedi rappeler ses diplomates à Kigali "avec effet immédiat".

L'Union européenne a appelé le M23 à "arrêter son avancée" et le Rwanda à "se retirer immédiatement" dans une déclaration signée par les 27 pays membres.

L'Union africaine (UA) a réclamé "la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties".

Dans l'est de la RDC riche en ressources naturelles, les conflits s'enchaînent depuis plus de trente ans. Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés puis rompus dans la région. Le dernier cessez-le-feu avait été signé fin juillet.

Le conflit, qui dure depuis plus de trois ans, aggrave encore une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l'ONU, 400.000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier.

Les Nations unies ont commencé à évacuer certains de leurs personnels de Goma. Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont appelé leurs ressortissants à quitter la ville tant que l'aéroport et les frontières sont ouverts.

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T.Clohessy--IP